Au son des cloches de jadis

La cloche médiévale de Belmont, date de 1434

(A 35 minutes de l’Ermitage du Rebberg)

On n’imagine pas Noël sans cloches, au point qu’elles font partie de l’imagerie de la fête. Depuis toujours ?

D’abord, ce n’est pas le christianisme qui a inventé les cloches. On en a trouvé en Chine, en Égypte, à Pompéi. Toutefois, leur destination n’est pas toujours bien déterminée.

Ensuite, les Chrétiens n’ont pas toujours fêté Noël. Chaque semaine, on célébrait le jour de la Résurrection, qu’on a appelé pour cela « Jour du Seigneur », « Dominica » en latin, d’où « dimanche ».

C’est seulement plus tard que des fêtes particulières ont été placées dans l’année : Pâques, puis la Pentecôte, puis Noël, qui évoque l’Incarnation, la Parole de Dieu « faite chair », comme l’écrit saint Jean, donc la naissance du Christ. Ce n’est pas tout simplement « l’anniversaire du Petit Jésus ». Précisons qu’il faut attendre le milieu du IVe siècle pour voir apparaître ce qu’on appelle alors la fête de l’Incarnation.

On doit les cloches aux missionnaires irlandais

Sonnait-on déjà les cloches ? Non. C’est seulement vers 515 qu’on peut trouver une mention de cloches d’églises, à Carthage. Au VIe siècle, on appelle la cloche « signum », ou encore « campana », ce qui explique d’où vient le mot « campanile ».

Dans nos régions, le christianisme a été répandu par des missionnaires irlandais, que la tradition locale confond d’ailleurs allègrement avec des Écossais parce qu’on les appelait « Scotti » en latin. On leur doit aussi les cloches… et le nom des cloches ! Car le mot celtique qui a donné « clog » en gaëlique et « gloch » en gallois est à l’origine du latin médiéval « clocca », d’où « cloche ».

Bien sûr, on n’en avait pas dans chaque village, à ce moment. Peu à peu, cependant, elles sont devenues obligatoires et Charlemagne, en 802, a exigé qu’on les sonne pour annoncer chaque office, de jour ou de nuit.

Les plus anciennes portaient peu d’ornements. Au XIVe siècle, on a commencé à les décorer davantage et plus encore par la suite.

Entre 1330 et 1368 existait à Colmar un fondeur de cloches assez célèbre, Maître Andres, dit « Gloggener » ou « Glockner ». Il a réalisé deux cloches pour l’église de Mutzig en 1349. La plus petite était consacrée à la Vierge et on y lisait : « Gont har in ze messe/Das Got wer niemer firgesse. Amen. Ave Maria » («Venez ici à la messe pour que Dieu ne vous oublie jamais »).

L’autre, presque deux fois plus grosse, était dédiée à saint Maurice : « In sante Mauricien ere so lute ich gar sere. Meister Andres von Kolmar mathe mich. Anno Domini MCCCIL. Amen ». («En l’honneur de saint Maurice, je sonne très fort. Maître Andres de Colmar m’a faite en l’an du Seigneur 1349 »).

Elles avaient échappé aux multiples réquisitions et vols de cloches qui ont jalonné l‘histoire de notre région. Mais, en 1850, on les a envoyées à la fonte pour en faire de neuves. On peut se consoler de leur perte en se disant qu’elles ont continué à carillonner Noël sous une autre forme !

D’après Marie-Thérèse Fischer, publié le 25/12/2013 dans les Dernières Nouvelles d’Alsace.

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