(A 30 minutes de l’Ermitage du Rebberg)
Derrière cette expression courante se cache une théorie pseudo- scientifique née vers 1800.
Une prédilection pour les têtes de fous ou de criminels
Jean-Frédéric Oberlin, pasteur à Waldersbach de 1760 à sa mort en 1826, soucieux de bien connaître ses paroissiens et ses pensionnaires pour mieux les guider et les conseiller, a fait bon accueil à certaines de ces méthodes. C’est pourquoi le visiteur du musée aménagé dans l’ancien presbytère de Waldersbach, en arrivant au dernier étage, se trouve nez à nez — si on peut dire — avec un crâne à la calotte couverte d’inscriptions : ce qu’on appelle « un crâne de Gall ».
Non, Gall n’est pas le nom d’un défunt qui nous aurait laissé son crâne en souvenir, mais celui d’un médecin et anatomiste badois, mort à Paris en 1828. François Joseph Gall a fait une partie de ses études de médecine à Strasbourg et les a achevées à Vienne, où il s’est installé pour exercer sa profession.
Sa passion : étudier le crâne humain. Pour cela, il collectionne une quantité impressionnante de crânes et de moulages, avec une prédilection pour les têtes de fous ou de criminels. Il élabore ainsi une théorie qu’il enseigne chez lui, dans des espèces de cours privés. Ses principes déplaisent à l’empereur d’Autriche Joseph II et Gall se voit amené, en 1805, à quitter Vienne pour Paris. Là, ses travaux sont condamnés par l’Académie des Sciences. Néanmoins, ils ont beaucoup de succès auprès d’un certain public d’intellectuels.
Son idée de base est à peu près la suivante : chaque partie du cerveau est l’organe d’une faculté ou d’une tendance particulière. Et il en voit plus de vingt, dont la « théosophie » (qui recouvre chez lui tout ce qui touche au religieux), l’avarice (qui est aussi le vol), l’amour des enfants, le sens des arts, l’orgueil, etc. Si une de ces facultés est particulièrement développée, la partie correspondante du cerveau se dilate en conséquence, au point de déformer le crâne, où on repère alors des bosses. Par exemple, l’« organe du calcul » va vous donner la « bosse des maths » !
Il est vrai que les diverses régions du cerveau correspondent à des fonctions particulières et que certaines peuvent se développer du fait de la pratique répétée de telle ou telle activité, comme l’usage de la main gauche chez les violonistes, par exemple.
Mais de là à vous mettre une bosse dans le crâne à force d’être matheux !