(A 30 minutes de l’Ermitage du Rebberg)
À cause d’un prêt jamais remboursé, Bernardswiller s’est retrouvé sous la dépendance d’Obernai.
Obernai lorgne vers Bernardswiller
Ainsi, Rodolphe de Habsbourg, devant un pressant besoin d’argent, fait appel à Conrad Wernher de Hattstatt, qui lui prête 100 marcs d’argent. Le mot « marc » n’est pas ici un nom de monnaie, mais une indication de poids, en usage pour les métaux précieux, le « marc de Cologne » correspondant à environ 234 g. Le sire de Hattstatt fournit donc plus de 23 kg d’argent à l’empereur, qui lui laisse en gage un de ses villages : « Bernartswiler juxta Ehenheim », Bernardswiller à côté d’Obernai.
En 1276, Rodolphe n’a toujours pas remboursé. Le 11 novembre, le gage passe de Conrad Wernher à son gendre, Walther de Guirbaden. Bernardswiller change donc de maître. Celui-ci ne touchera pas plus les 100 marcs que son beau-père. Comme le village, à l’origine, est un bien de la couronne impériale, il appartient aux successeurs de Rodolphe de le désengager, s’ils le peuvent ou s’ils le veulent.
En 1330, l’empereur n’est plus un Habsbourg, mais un Wittelsbach, Louis de Bavière.
À ce moment, Obernai lorgne vers Bernardswiller. C’est une localité très proche, d’où un engagiste mal intentionné pourrait nuire à la ville. Pour assurer sa sécurité future, celle-ci veut investir. En août, alors que Louis de Bavière se trouve à Colmar, il autorise les Obernois à racheter le gage à sa place.
Bizarrement, toutefois, ils ne se pressent pas.
Leur faut-il du temps pour rassembler les 23 kg d’argent ? Dix-neuf ans plus tard, c’est encore le bailli impérial, Jean de Fénétrange, qui détient Bernardswiller. On est alors sous Charles IV de Luxembourg et Obernai verse à l’empereur 150 marcs d’argent « des geweges von Straszburg » – « du poids de Strasbourg », qui n’est apparemment pas identique à celui de Cologne.
Charles IV avait-il oublié qu’il avait auparavant engagé le village à quelqu’un d’autre, à savoir Hartung de Wangen ? Celui-ci proteste et, en 1351, l’empereur déclare nul l’acte précédent. Obernai ne se laissera pas faire et, après bien des tribulations, pourra quand même garder Bernardswiller !