(A 30 minutes de l’Ermitage du Rebberg)
Au Musée Oberlin, la géographie reflète l’histoire.
Le pasteur Oberlin est mondialement connu pour son activité pédagogique. C’est la raison pour laquelle des établissements scolaires et des universités portent son nom même aux USA et au Japon. Il n’hésitait pas à fabriquer lui-même du matériel pour les écoles de sa paroisse, matériel dont une grande partie est exposée dans la plus vaste salle du musée de Waldersbach et sur lequel viennent se pencher des visiteurs de tous pays, parfois pédagogues eux-mêmes.
Au fond de la salle, cependant, une petite carte de géographie, dessinée par Oberlin et où on reconnaît son écriture, n’attire guère l’attention. Quoi de plus commun qu’une carte de géographie, n’est-ce pas ? Pourtant, celle-ci peut s’avérer fort intéressante dans le détail.
Il n’y a pas d’océan pour Oberlin, apparemment
Les noms des mers, d’abord. Car il n’y a pas d’océan pour Oberlin, apparemment. En effet, à l’ouest de la France s’étend la « Mer Aquitanique » et, au-delà de l’Irlande, la « Mer Atlantique ». L’Océan Glacial Arctique devient la « Mer Glaciale ». Et voici la « Mer d’Allemagne » à la place de la Mer du Nord.
Il y a plus remarquable. Cherchez la Grèce, par exemple. Elle n’existe pas en tant qu’état. Elle est réduite à constituer une espèce d’appendice au sud de la Turquie. À l’époque, elle faisait partie de l’Empire Ottoman, et ce jusqu’aux années 1830. Notons le nom de la capitale : Constantinople, qui ne deviendra officiellement Istanbul qu’en 1930, Ankara l’ayant supplantée en 1923.
D’ailleurs, quand Oberlin a-t-il réalisé cette carte ? Elle n’est pas datée, mais on peut raisonner à partir de l’image qu’elle nous donne de l’Europe. Le royaume de Hongrie a Presbourg pour capitale, ce qui cesse d’être le cas en 1783.
Aujourd’hui, Presbourg, alias Bratislava, est la capitale de la Slovaquie. L’année 1783 marque aussi la fin de la Petite Tartarie, au nord de la Mer Noire, avec l’annexion du khanat de Crimée par Catherine de Russie.
Une « coquille » au nord de la France
L’« Allemagne », ou plutôt le Saint Empire Germanique, puisque l’Autriche y est comprise, est gouvernée de « Wienne » et la Russie de « Petersbourg », que Pierre le Grand a érigée en capitale en 1712.
On peut s’arrêter un instant à l’ampleur de la Pologne, qui n’a pas encore été démembrée. En revanche, on ne trouvera pas le royaume de Belgique, créé en 1830, ni le Luxembourg, qui n’est pas encore un grand-duché.
Une « coquille » au nord de la France : Oberlin a écrit « Pologne » pour « Pays-Bas ». Tout le monde peut se tromper, même les hommes célèbres !
L’important, c’est ce que cette carte devrait nous rappeler : qu’il ne faut pas projeter sur le passé les découpages politiques d’aujourd’hui, sous peine de ne pas le comprendre !