Des faussaires et un indic

 

(A 25 minutes de l’Ermitage du Rebberg)

Si on ne peut pas se fier à l’honnêteté d’autrui, on ne peut pas se fier à sa malhonnêteté non plus !

Dans les premières années du XIXe siècle, un dénommé Siegfried, dont le frère a un domicile à Wasselonne, loue une maison à Westhoffen pour accueillir des amis avec qui il a l’intention d’y passer la belle saison. Parmi eux, deux graveurs : Dudouit et Lefèvre. En réalité, il s’agit d’une bande de faux-monnayeurs. L’objectif, c’est la fabrication de pièces de monnaies autrichiennes. Avec ce qu’on gagnerait en les écoulant, on achèterait une papeterie pour réaliser de faux billets russes, anglais et également autrichiens.

Des faux billets de la Banque de Vienne

Ce que la bande ignore, c’est qu’elle est infiltrée par un indic. Assurément, Lefèvre peut faire étalage d’un solide passé de pro dans le domaine de la fausse monnaie. Ses débuts remontent à juin 1790, avec de faux bons de la Caisse d’Escompte de Paris. Dès janvier 1791, il a imité des assignats. Lorsqu’un complice chargé de les écouler en France a été arrêté et exécuté, Lefèvre a filé en Hollande. En 1801, avec d’autres truands, il réalise en France de faux billets de la Banque de Vienne. Mais on parvient à mettre la main au collet de certains membres de la bande. Lefèvre aussi est arrêté. Pour se tirer d’affaire, il fournit tous les renseignements souhaitables, ce qui lui vaut l’impunité. À dater de ce moment, il est au service de la police française.

Dudouit, évidemment, ignore ce détail lorsqu’il contacte Lefèvre pour lui proposer l’association qui va les mener à Westhoffen. L’indic affecte d’accepter et informe sagement la police.

De toute façon, le comportement des « amis » de Siegfried devient suspect au maire de Westhoffen qui demande qu’ils lui soient présentés, eux ou leurs papiers d’identité. Panique ! Ils chargent précipitamment du matériel sur une charrette et, à deux heures du matin, quittent Westhoffen pour Strasbourg. On perquisitionne dans la maison, qui recèle un réchaud de fondeur tout neuf et des scories résultant de la fusion de métaux.

On parvient à arrêter Siegfried et Dudouit. Au domicile de ce dernier, à Strasbourg, on trouve, entre autres, une instruction sur la manière de fabriquer de la fausse monnaie. D’où une nouvelle perquisition à Westhoffen. On y découvre des pièces à conviction supplémentaires.

Le juge de paix de Wasselonne entreprend alors de perquisitionner chez le frère de Siegfried. Dans une vigne, on relève des sacs contenant des objets ayant visiblement servi à fabriquer des pièces.

Presque tous les complices encourront des peines lourdes. Mais pas Dudouit ! Il aura imité Lefèvre : en « balançant » spontanément le reste de la bande, il méritera la clémence du tribunal.

D’après Marie-Thérèse Fischer,  publié le 24/04/2013 dans les Dernières Nouvelles d’Alsace.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.