Dorlisheim : à propos du Dattelbrunne

 

(A 20 minutes de l’Ermitage du Rebberg)

Le secret de la fontaine plonge ses racines au XIIIe siècle !

Lorsqu’on voit un nom comme « Dattelbrunne », dont la dernière partie est facilement compréhensible, on a tendance à isoler le début du mot tel qu’il apparaît de nos jours et à s’interroger sur un sens immédiat. Comme il arrive fréquemment, on pense à un nom de personne, plus précisément d’une personne en lien avec l’endroit ou l’objet. D’où la question posée dans les DNA du 9 mars : « Qui est Dattel ? ».

Les noms de lieux anciens se sont rarement maintenus tels quels jusqu’à nous, ils se sont usés en passant d’une génération à l’autre. Surtout quand on a eu le temps d’oublier à quoi ils se rattachent. Ainsi, « Thannenkirch » (Haut-Rhin) n’a rien à voir avec un sapin : c’est une altération de « Sankt-Annen-Kirch », car l’église était un sanctuaire de pèlerinage où les femmes stériles venaient implorer sainte Anne.

Du « Sankt » n’est resté que la consonne finale. Il en allait de même pour le nom ancien de Reinhardsmunster (Bas-Rhin), à savoir « Dillersmunster », déformation de « Sankt-Hilarius-Munster ».

Pour être guéri des maux de dents

Enlevons donc, par analogie, le D de « Dattel »… Et voici que surgit le souvenir d’une source attestée en 1277 près de Dorlisheim et placée sous le vocable de sainte Attale… De « Sankt-Attala-Brunnen » à « Dattelbrunne », il n’y a pas plus loin que de « Sankt-Hilarius-Munster » à « Dillersmunster ». À la source de sainte Attale, on serait venu en pèlerinage au Moyen-Âge pour être guéri des maux de dents.

« Qui est Dattel ? », ou plutôt qui est Attale ? Fille du duc Adalbert, donc nièce de sainte Odile, elle est devenue religieuse comme sa tante, et son père a fondé pour elle l’abbaye de Saint-Etienne à Strasbourg, là où se trouve aujourd’hui le Collège Épiscopal. Elle serait morte en 741.

Comme tous les saints antérieurs au schisme de 1054, elle est vénérée aussi bien chez les Orthodoxes que dans l’Église Romaine.

À Strasbourg, on venait prier à son tombeau et on puisait de l’eau au « puits de sainte Attale » pour la guérison des fièvres et, là aussi, des maux de dents. On montrait aux pèlerins une de ses mains qui, momifiée, est toujours visible, dans son reliquaire ancien en cristal de roche.

La Réforme a mis fin au pèlerinage de Strasbourg. Il est permis de penser qu’elle a aussi fait cesser la fréquentation de la fontaine de Dorlisheim, du moins en tant que source guérisseuse. Il serait intéressant de voir s’il en est question dans les rapports des visiteurs ecclésiastiques avant la Guerre de Trente Ans.

En tout cas, il est réjouissant de penser qu’elle coule toujours !

D’après Marie-Thérèse Fischer, publié le 13/03/2013 dans les Dernières Nouvelles d’Alsace.

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