Entre 1605 et 1620, tout le site était en chantier suite à sa destruction lors du grand incendie de 1546.
On a du mal à imaginer que l’abbaye de Hohenbourg et ses sanctuaires — aujourd’hui le Mont Sainte-Odile — sont restés à l’état de ruines pendant presque soixante ans ! Le grand incendie de 1546 avait presque tout ravagé.
Les artisans affluent de près et de loin, de très loin même
Deux ans plus tard, l’abbesse n’ayant plus les moyens financiers d’y remédier, elle a cédé l’abbaye et ses propriétés à l’évêque de Strasbourg. Ni lui, ni son successeur ne se sont attelés à relever Hohenbourg, qui, pourtant, ne cessait de drainer des pèlerins, même en ces temps très troublés. Un des chapelains prémontrés était revenu squatter les ruines pour assurer un accueil spirituel, bientôt rejoint par un confrère.
En 1605, des temps nouveaux s’annoncent pour Hohenbourg. Le siège épiscopal de Strasbourg est occupé par le cardinal Charles de Lorraine, à qui succède deux ans plus tard l’archiduc Léopold d’Autriche.
L’état des sanctuaires leur semble insupportable. A eux et surtout à leur suffragant, Adam Peetz. Celui-ci consacra au renouveau du Mont Sainte-Odile une partie considérable de sa fortune. Au grand dam de ses héritiers !
Pour commencer, il faut déblayer le terrain, garder ce qui peut l’être, éliminer le reste. Pour être honnête, on doit avouer que toute trace du désastre de 1546 n’a pas encore disparu en 1640. Néanmoins, on voit s’activer maintenant de tous côtés, et pour des années, les corps de métiers les plus divers : maçons, couvreurs ou charpentiers, façonneurs de bardeaux, ferronniers et forgerons, serruriers, vitriers, potiers, cordiers, peintres, chaudronniers, cloutiers… Ils affluent de près et de loin, de très loin même.
De près ? D’Ottrott, comme Sonntag Wagner, qui produit des bardeaux. De Rosheim, voici le forgeron qui travaille à la sacristie et l’horloger qui procure le tabernacle. De Molsheim, le serrurier Jacob Winter, le menuisier qui réalise la chaire de l’église et les orfèvres qui fournissent des objets précieux en 1617 et 1618. On emploie un cloutier d’Obernai, Sebastian Greÿ.
18 000 clous en une année
Le transport des matériaux est assuré par les métayers de Hohenbourg et de Niedermunster, ainsi que par des charretiers de Bischoffsheim et d’Obernai. Ils cherchent la chaux à Bœrsch, mais cela ne suffit apparemment pas et on construit un chauffour supplémentaire à Ottrott. D’Ottrott aussi, comme de Grendelbruch, Haslach et Strasbourg, on voiture des planches.
Le fer provient de la Vallée de la Bruche. Les commandes adressées à la forge de Framont sont destinées à une scierie, tandis que la forge de Rothau livre des clous pour les bardeaux : 18 000 rien que pour 1618 !
De loin ? Outre les clous de Rothau, on en achète à Cirey (Lorraine). Pour construire la chapelle des Anges, en 1617, on fait appel à des maçons d’Etival (Lorraine également), Claudon Pieron et Jean Couvelin, sans doute recommandés par les Prémontrés. Le spécialiste des toitures, lui, est un artisan de Rotweil, situé à plus de 120 km !
Malheureusement, leur œuvre sera en grande partie détruite par les troupes de Mansfeld dès 1621 !
D’après Marie-Thérèse Fischer, paru le 28 janvier 2015 dans les Dernières Nouvelles d’Alsace.