L’autre Rembrandt, l’autre Bugatti

(La firme Bugatti est située à Molsheim, 20 minutes de l’Ermitage du Rebberg)

 

Nom et prénom font tous deux penser à quelqu’un d’autre que lui. Mais ce sculpteur génial mérite qu’on se souvienne de lui !

Quand on dit « Rembrandt » , on pense généralement à Rembrandt Harmenszoon van Rijn, l’extraordinaire peintre hollandais du XVIIe siècle. Or c’est un prénom que d’autres ont pu porter en Hollande et qu’on a même donné à un petit Italien né en 1884 à Milan. Lui aussi était, en quelque sorte, prédestiné à l’art. Sa tante Luigia avait épousé un peintre, Giovanni Segantini, qui fut son parrain et choisit son prénom.

Les bêtes sauvages, les fauves le fascinent

Son père, Carlo, s’est rendu célèbre avec d’extraordinaires créations de meubles et de pièces d’orfèvrerie, entre autres. Et, si son frère Ettore s’est illustré dans la fabrication automobile, c’est dû non seulement à la qualité technique des voitures, mais également à la recherche esthétique qui s’y manifeste.

On peut dire que les Bugatti forment, dans des domaines divers, une dynastie d’artistes.

Dès son enfance, Rembrandt est attiré par la sculpture. Il est particulièrement intéressé par les animaux. À 17 ans, pendant ses vacances dans l’Engadine, il trouve l’inspiration en regardant des vaches et produit une sculpture intitulée Ritorno dal pascolo (« Retour du pâturage »), qui annonce déjà ses œuvres futures.

En 1903, le voici à Paris, où il se délecte à étudier les animaux du Jardin des Plantes, qui comporte un parc zoologique. Les bêtes sauvages, les fauves le fascinent. Il passe des heures à les observer, des jours à traduire ses impressions dans le plâtre ou la plastiline.

Bientôt, le Jardin des Plantes ne lui suffit plus. Le plus grand zoo connu, à l’époque, est celui d’Anvers. Rembrandt va y passer plusieurs années à sculpter des animaux sauvages. Il a même là un atelier, grâce au directeur du zoo.

Malheureusement, la Première Guerre mondiale va lui être fatale. Il contracte la tuberculose en soignant les blessés. Il retourne à Milan, auprès de sa famille. Or l’Italie, qui s’était d’abord déclarée neutre, entre à son tour dans le conflit en 1915. Rembrandt s’engage dans l’armée.

Réformé en décembre de la même année, il revient en France et retrouve son atelier de Montparnasse. Seulement, la période ne se prête guère aux achats d’œuvres d’art et les commandes se font rares. Ettore l’aide, mais vient le moment où cela devient difficile pour lui aussi. Rembrandt n’en peut plus. Ne voyant pas d’issue, il se suicide dans son atelier. Il n’a que 32 ans !

Une de ses sculptures deviendra célèbre même auprès de gens qui n’ont pas la moindre notion d’art : son éléphant dressé, qu’Ettore utilisera en souvenir de lui comme bouchon de radiateur pour sa fabuleuse Royale 41.

d’après Marie-Thérèse Fischer, publié le 06/03/2013 dans les Dernières Nouvelles d’Alsace.

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