Le bagnard de Zellwiller

(A 30 minutes de l’Ermitage du Rebberg)

La réinsertion du forçat libéré dans son milieu d’origine n’allait pas de soi !

Le maire se montre réticent : « Cet individu avant sa sortie de la commune étoit généralement regardé comme un sujet dangereux ». Il a été condamné au bagne pour vol, mais aussi à cause de mauvais traitements infligés à son propre père, le meunier de la Bruchmühle. Il n’y a pas apparence qu’il puisse gagner sa vie à Zellwiller : « à son retour il ne pourroit pas exercer dans la commune la profession de meunier puisqu’il ne possède plus de moulin et, vu sa réputation, aucun meunier ne voudroit le prendre à son service. » Pas même son propre beau-frère, sans doute, qui a repris le moulin paternel.

«Si la détention au bagne n’a pas changé ses moeurs»

Le maire, qui a pourtant l’air renseigné sur le personnage, « ignore s’il connoit la profession de carrier ». On peut en déduire qu’André l’a apprise au bagne. On sait que, à l’époque de sa détention, six cents forçats ont été employés à construire l’hôpital militaire de Saint-Mandrier près de Toulon et que les pierres étaient taillées par des détenus. Peut-être André y a-t-il mis la main… Seulement, à Zellwiller, on n’a pas d’ouvrage pour un carrier. Quant à se faire entretenir par sa parenté… « Il n’a plus ni père, ni mère. Il a 3 enfants, deux du 1er lit qui sont en condition et un du 2e. Sa femme reste ici chez ses parents qui sont pauvres et qui ne pourront pas lui prêter de secours. », écrit le maire. En passant, on sent la détresse de la famille. Les deux enfants qui sont « en condition », Georges André et Marie-Joséphine, ont respectivement 15 et 13 ans ! La petite dernière n’en a que six.

« Si sa détention au bagne n’a pas changé ses mœurs », le maire suggère de « lui désigner un autre domicile qu’à Zellwiller même », pour « délivrer la commune d’un juste sujet d’inquiétude », car il le croit capable de tout. Comme pour lui donner raison, André sera de nouveau condamné pour vol l’année suivante et enfermé à la prison d’Ensisheim pour cinq ans.

Néanmoins, c’est à Zellwiller qu’André Herrmann meurt le 28 février 1845. On aimerait savoir ce qu’ont été ses dernières années.

D’après Marie-Thérèse Fischer,  publié le 15/05/2013 dans les Dernières Nouvelles d’Alsace.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.