(A 15 minutes de l’Ermitage du Rebberg)
La complaisance d’un maire de Flexbourg et les frasques d’un jeune homme gâté sont portées devant le Ministre de la Guerre !
Cette année-là, on a procédé, dans son régiment, à une diminution d’effectifs et le jeune homme a été renvoyé dans ses foyers. Pourquoi l’a-t-on choisi, lui, plutôt qu’un autre ? Parce qu’il est, en principe, plâtrier de profession, et que son père a plus de 70 ans. On l’a imaginé dans le rôle touchant du soutien de famille…
Il se laisse entretenir sans vergogne
Quelle erreur ! Bien sûr, Sébastien exerce son métier, mais ce qu’il gagne passe au cabaret et il se rend célèbre à Flexbourg comme chercheur de bagarre et fauteur de tapage nocturne. Loin de soutenir les vieux jours de son père, il se laisse entretenir sans vergogne.
Or, en 1831, une ordonnance royale rappelle sous les drapeaux les jeunes dans son cas. Cela ne lui dit rien, c’est clair. Comme le maire du moment, Georges Hess, est un cousin germain de Papa Floeri, celui-ci lui demande un papier attestant son grand âge et la nécessité de laisser Sébastien à la maison. Le maire délivre un certificat de complaisance et le pilier de cabaret reste au village.
C’est compter sans un homme qui en veut à la fois à Hess et à Floeri pour d’autres raisons et qui a vent de la chose : Georges Schaffner, qui se dit « artiste vétérinaire » à Flexbourg. En septembre 1932, une lettre de dénonciation signée de sa main tombe sur le bureau du Ministre de la Guerre (rien que ça !). On ne plaisante pas avec les devoirs militaires sous Louis-Philippe et le Ministre ne dédaigne pas de lancer une enquête sur les procédés d’un maire de village. Il informe le Préfet du Bas-Rhin. Entre ce dernier et divers destinataires, comme le Bureau de recrutement, le Juge de Paix de Wasselonne, le colonel du 3e Régiment du Génie à Montpellier (entre autres !) et le dénonciateur lui-même, les ordres ministériels vont déclencher une énorme correspondance jusqu’en mars 1833.
Le père s’incline
Le maire de Westhoffen, chargé par le Préfet d’enquêter sur l’affaire en février, constate la culpabilité de Hess. En passant, il égratigne dans son rapport la responsable du comportement de Sébastien : « Le père a souvent souhaité qu’on le fasse partir pour le régiment, mais il est le fifi de la mère ; c’est elle qui le protège et le garde à la maison ». Et le père s’incline…
Cette fois, elle n’est pas tout à fait parvenue à ses fins, car, en mars, le Ministre tirera ses conclusions et le « fifi » de Maman Floeri rejoindra son régiment à Montpellier.