(A 25 minutes de l’Ermitage du Rebberg)
Quand et comment les reliques de sainte Odile ont-elles été transférées à Ottrott ?
En 1791, alors que l’Église jetait l’anathème sur les acquéreurs des biens nationaux, l’excentrique chanoine, que les lecteurs ont déjà rencontré dans cette chronique il y a quelques semaines, ne s’est pas privé d’enchérir, ou plutôt de faire enchérir en son nom par un « homme de paille », et a acheté ainsi la métairie de Niedermunster. Celle de Hohenbourg lui a échappé parce que ledit « homme de paille » l’a trahi. Le couvent, lui, n’était pas à vendre à ce moment.
Le tombeau a été défoncé
Nous voici en avril 1795, la Terreur est donc derrière nous. Et notre Rumpler est devenu locataire du couvent de Sainte-Odile, toujours propriété de la Nation. Il s’y rend donc, le plus ouvertement du monde, en plein jour, et emmène avec lui trois citoyens d’Ottrott, dont le maire. Ils vont tout droit à la chapelle et voient que le tombeau a été défoncé. En tendant une chandelle vers l’intérieur, ils constatent que les reliques sont toujours là. Ils agrandissent le trou et le petit garçon des métayers se glisse dans letombeau pour en sortir les ossements un à un. On les dépose dans un linge, puis dans une caisse qu’on scelle. Le 24 avril, la caisse est déposée à la sacristie d’Ottrott, où elle restera trois ans et demi.
En septembre 1796, Rumpler achète enfin le couvent. À vrai dire, c’est son neveu qui fournit la somme. L’année suivante, le chanoine essaie de récupérer les reliques, en vain. Il semble que le curé d’Ottrott et celui de Klingenthal se méfient de ses intentions : en novembre 1798, à son insu, les reliques quittent la sacristie pour être emmurées dans une maison particulière. Rumpler multiplie les démarches. Convaincu que les reliques reviendront en 1799, il fait graver cette date sur la plaque médiévale qui cache alors le sarcophage aux regards. Enfin, par la grâce du cardinal de Rohan, les reliques réintégreront leur tombeau le 6 octobre 1800.
Assurément, la fiction est plus poétique que la vérité…