(A 30 minutes de l’Ermitage du Rebberg)
A Kolbsheim, au XIXe siècle, les places à l’église pouvaient provoquer des incidents.
En juillet 1830 éclate la révolution dite « des Trois Glorieuses » qui renverse Charles X. Le général quitte la région. Néanmoins, son nom figurera encore quelques années dans le « registre des sièges » pour cette stalle.
« Si ta place, Maire, ne te convient plus… »
En 1858 se règle un épineux litige à propos d’un autre siège, placé derrière un pilier. A cette occasion, le maire Kraencker propose le « n°0 » à un membre du conseil, nommé Fuchs, lequel a « le droit par ancienneté de mariage d’occuper la première stalle devenue vacante ». Fuchs refuse et ajoute : « Si ta place, Maire, ne te convient plus, garde le siège du général pour toi ». Kraencker ne se le fait pas dire deux fois et, quinze jours plus tard, en prend possession.
Peu de temps après, un des conseillers presbytéraux, Daniel Peter, vient signaler au pasteur que certains paroissiens protestent. Celui-ci lui répond qu’il aurait mieux valu faire ses observations en plein conseil, qu’il n’y a pas de raison pour que cette stalle reste inoccupée et que, placée comme elle est dans un coin de l’église, on ne peut l’envisager comme une place d’honneur.
Voici que, aux élections de 1860, Peter bat Kraencker dont il avait été le rival malheureux à celles de 1852. Bientôt court la rumeur que, par conséquent, le maire sortant n’est plus en droit d’occuper le « siège du général ». Le 10 février 1861, Kraencker, en arrivant au culte, trouve les appuis du siège brisés. Le pasteur calme sa colère et fait réparer les dégâts. Une semaine plus tard, c’est le banc de la stalle qui a disparu. Cette fois, le pasteur se voit obligé de faire une déclaration au maire Peter. L’affaire remonte au commissaire de police du canton. Celui-ci donne un fort bon conseil : supprimer cette stalle qui se trouve hors rang et qui, à tort ou à raison, excitera les jalousies contre quiconque l’occupera.
Qu’est-ce qui a pu, d’ailleurs, la faire passer pour une place honorifique ? Le fait qu’elle soit à part ? Ou qu’elle ait été aménagée pour recevoir le postérieur d’un général qui ne s’en est jamais servi ?
D’après Marie-Thérèse Fischer, publié le 10/07/2013 dans les Dernières Nouvelles d’Alsace.