(A 15 minutes de l’Ermitage du Rebberg)
Un mystère qui ne sera sans doute jamais résolu !
Or, en 1856, Louis Schneegans est à Dinsheim et découvre une pierre curieuse. Apparemment, une dalle funéraire médiévale. Elle ne porte aucun nom. Mais on y voit un écusson où figurent trois marteaux de tailleur de pierre.
La pierre a disparu sans laisser d’adresse
Ceux-ci sont d’ailleurs disposés d’une manière très particulière : ils sont réunis par leurs manches. En l’absence de dessin, il est permis d’imaginer une sorte de triscèle, comme celui que forment souvent des serpettes sur des emblèmes de vigneron.
Si la trouvaille a de quoi faire plaisir à l’archiviste, on ne peut certainement pas en dire autant de l’endroit où il l’a découverte : elle sert de passerelle pour franchir un fossé ! Autrement dit, tout le monde marche dessus et il y a fort à parier que la sculpture en a souffert. Bien sûr, elle n’est pas là à sa place. Une telle dalle provient, pense-t-on, de l’église démolie en 1828, à laquelle a succédé l’édifice néo-classique actuel.
Seuls des personnages jugés importants dans la paroisse étaient inhumés dans l’église : notables, clercs, bienfaiteurs… Celui dont cette dalle a recouvert la dépouille mortelle a donc dû jouir à Dinsheim d’une certaine considération. Mais à quel titre ?
Le motif de l’écusson renvoie à la profession de tailleur de pierre et l’imagination peut se donner libre cours, puisqu’on ne saurait prouver quoi que ce soit. En 1872, Charles Gérard ne s’en prive pas. Il se demande d’abord s’il ne pourrait pas s’agir de « l’architecte de l’ancienne église de Dinsheim ». Puis il regarde du côté du Bildhauerhof, « l’atelier de sculpteurs ou tailleurs de pierre que l’œuvre Notre-Dame entretenait dans la vallée de la Magel ». Mais ses questions sont vouées à rester sans réponse.
D’autant plus que la pierre a disparu sans laisser d’adresse, et ce depuis longtemps, puisque le curé de Dinsheim, dès les années 1870, n’était déjà plus en mesure de savoir ce qu’elle était devenue.
Qu’on ne se hâte surtout pas d’incriminer nos devanciers, en épinglant leur manque de sensibilité artistique et leur mépris du patrimoine historique. On n’a pas forcément beaucoup évolué depuis la disparition de la pierre de Dinsheim. Il y a une trentaine d’années, l’effondrement d’un pont, dans l’arrondissement de Molsheim, a permis la découverte d’une dalle funéraire sculptée du XVIIIe siècle, avec une inscription très nette. Quelques semaines plus tard, il n’en restait plus trace, elle avait servi pour un remblai, probablement concassée.
Les vestiges matériels de l’histoire ont quelque chose à nous dire. Ne les réduisons pas au silence du néant !