(A 40 minutes de l’Ermitage du Rebberg)
La petite chapelle Saint-Erasme, à Blienschwiller, en a vu de toutes les couleurs dans son existence !
La terrible incursion de Mansfeld a semé l’horreur dans la région
On la reconstruit. Mais, moins de deux siècles plus tard, elle est à nouveau victime de la soldatesque. En 1618, en effet, a éclaté la Guerre de Trente ans. Au début, le théâtre des opérations se situe loin de l’Alsace, en Bohême. La terrible incursion de Mansfeld, de 1621 à 1622, a semé l’horreur dans la région, mais le plus grand cauchemar s’abat sur elle en 1632, lorsque les Strasbourgeois ouvrent le pont du Rhin à l’armée suédoise. On présente souvent celle-ci comme une armée « protestante » ; rappelons tout de même qu’elle était subventionnée par les soins du cardinal de Richelieu !
Et voilà que les Suédois récupèrent la chapelle et y installent un corps de garde. Autant dire qu’elle est copieusement malmenée. En 1666, on la remet en état. À ce moment y apparaît pour nous la mention du culte de saint Érasme. Ce saint aurait été martyrisé de fort étrange façon : on lui aurait ouvert le ventre pour enrouler ensuite ses entrailles sur un cabestan ou un treuil. C’est au récit de ce supplice qu’il doit sa « spécialité » : on s’est mis à l’invoquer contre les coliques. Voilà pourquoi la chapelle de Blienschwiller a été surnommée « Grimmenkapelle », « chapelle des coliques ».
Dans le même ordre d’idées, les femmes enceintes y venaient aussi en pèlerinage pour obtenir du saint qu’il allège les douleurs de l’accouchement. Près de la chapelle, on fréquentait une source. La Révolution donne évidemment un coup d’arrêt à ce pèlerinage. La chapelle est désaffectée et c’est devant elle qu’on prête le serment civique. Par la suite, elle servira de poste de garde et de prison. Il y aurait encore sur les murs des graffitis de détenus, mais je confesse que je n’ai pas encore pu entrer pour voir.
En 1802, la chapelle est rendue au culte. Un demi-siècle plus tard, Napoléon III fait un don pour la restaurer. Elle subira de nouveaux outrages pendant la Seconde Guerre mondiale.
D’aucuns regretteront de la trouver fermée. Mais c’est assurément une mesure de sagesse, pour éviter que des indélicats ne l’affectent à de nouvelles fonctions peu conformes à sa destination normale
D’après Marie-Thérèse Fischer, publié le 27/11/2013 dans les Dernières Nouvelles d’Alsace.