(A 50 minutes de l’Ermitage du Rebberg)
Aussi étrange que cela puisse paraître, le sarcophage d’Adalric a changé de place plusieurs fois !
En revanche, ce qui ne tient pas debout, c’est l’idée selon laquelle on aurait également déposé dans ce sarcophage son épouse Béreswinde, qui serait morte quelques jours après lui. Qu’on essaie d’imaginer cela concrètement : deux défunts, décédés à une semaine d’intervalle, empilés dans une cuve de pierre… De toute façon, ce qu’on a raconté de la mort et de la sépulture de Béreswinde remonte tout simplement à un énorme canular monté de toutes pièces en 1649 par un prêtre indélicat, démasqué seulement deux siècles et demi plus tard !
Au XVIe siècle, le tombeau se trouve dans les parages du bas-côté gauche, car on sait que les pèlerins qui se rendent à la chapelle où repose sainte Odile passent obligatoirement devant lui.
Un signe du lien entre les Habsbourg et Adalric
Le 26 août 1617, toutefois, il déménage. Léopold d’Autriche et son suffragant Adam Peetz font de l’une des chapelles qu’on a reconstruites — celle qu’ils viennent de mettre sous le vocable des Anges — un signe du lien entre les Habsbourg et Adalric, en qui ils voient leur ancêtre. On y a peint un arbre généalogique (aujourd’hui disparu), les armoiries de l’archiduc figurent au-dessus de l’entrée et on encastre le sarcophage dans le mur en face de la porte.
Au XVIIIe siècle, le prieur Dionysius Albrecht trouve que le fondateur de la « maison de Dieu odilienne », comme il dit, n’est pas à sa place dans un mur de chapelle. En 1753, il fait extraire le sarcophage. À ce moment, d’ailleurs, on s’aperçoit qu’il est vide… Nous reviendrons là-dessus une autre fois !
À l’époque, les arcades de la chapelle de la Croix vers le cloître sont encore fermées. En revanche, là où se trouve maintenant l’autel de sainte Odile s’ouvrait alors une baie donnant accès à cette chapelle. Le sarcophage restera longtemps placé contre le mur en face de cette baie, près de la porte du chœur.
Nouveau déménagement au XXe siècle… On installe le sarcophage sous la grande arcade murée de la chapelle de la Croix, celle qui donnait jadis sur le bas-côté nord de l’église, décorée de la copie d’une peinture de l’Hortus représentant la mise au tombeau du Christ. Gageons qu’il ne bougera plus, maintenant !