(A 30 minutes de l’Ermitage du Rebberg)
Il s’agissait d’Alsaciens, qui saisissaient l’occasion de déserter pour passer dans les rangs français. Cette défection massive a développé dans l’esprit de certains chefs allemands une sorte de « psychose du traître », qui coûtera la vie à plus d’un civil.
Les survivants, hagards, se replient vers Barr
Peu de jours plus tard, des combats se livrent dans le Ban de la Roche. Le 18, la maison forestière de la Charbonnière — alias Schirrgut — est la proie des flammes. Le 20, les Français prennent Belmont, qu’ils perdent le lendemain. Plusieurs maisons de Bellefosse sont incendiées. Des gens sont évacués vers le Hohwald. Comme on s’en doute, les militaires allemands se méfient de la population des villages francophones, qu’ils soupçonnent de comporter des « traîtres ».
Or, le 20 août, un bataillon de Saxons arrive dans les parages de la Charbonnière. Un garde forestier qui passe par là leur affirme qu’il n’a pas vu de Français de ce côté.
La troupe continue et, subitement, se trouve dramatiquement prise en tenaille sous des tirs nourris. C’est à n’y rien comprendre. En fait, il y avait bien des Français, que le garde n’avait peut-être pas vus, des Chasseurs Alpins, rompus à la guerre en montagne.
Mais aussi des Bavarois. Incroyable méprise : ceux-ci ont pris, dans l’ombre du soir, les Saxons pour des Français ! Les malheureux sont décimés. Les survivants, hagards, se replient vers Barr, persuadés que le garde forestier les a trahis.
Le 22, dans l’après-midi, le tonnerre d’un orage le dispute à celui du canon. Au Bambois (commune de Belmont), le vieux fermier Émile Hazemann, aidé d’Auguste Rochel et de Xavier Frantz, veut rentrer son bétail. Passent des soldats qui s’emparent des trois hommes et les emmènent ligotés à Barr. Le maire de cette ville intervient en leur faveur.
Toutefois, quelqu’un téléphone de la Vallée de la Bruche au lieutenant saxon cantonné à Barr que les trois hommes ont été surpris en flagrant délit d’intelligence avec l’ennemi. En d’autres termes, ils auraient fait des signaux aux Français.
Il n’en faut pas plus pour que les malheureux soient emmenés vers Gertwiller et fusillés sans jugement dans les champs.
On racontera à l’artiste Charles Spindler qu’ils ont dû creuser eux-mêmes leurs fosses avant d’être abattus.