(A 30 minutes de l’Ermitage du Rebberg)
Dans les parages de Wasselonne, quelqu’un tentait d’enrôler du monde pour l’armée des « émigrés ».
Quatre armées de 60 000 hommes chacune
Quelques mois plus tôt, sa mère a déjà essayé – en vain – de trouver un moyen d’obtenir sa grâce en sollicitant l’appui de M. Defresney, ancien secrétaire et chancelier du cardinal de Rohan, qui habite à Marmoutier. Quinze jours avant Noël, Brenneisen se rend lui-même à Marmoutier, mais il n’y trouve que la servante. Celle-ci lui dit que son maître est à Lichtenau. Le jeune homme ne semble pas se poser de questions. Pourtant, de toute évidence, Defresney est en lien avec les « émigrés » qui gravitent autour du cardinal de Rohan réfugié à Ettenheim, dans la partie badoise du diocèse de Strasbourg.
Le 9 février, Defresney est chez lui. Il entraîne Brenneisen dans un coin discret de la maison et lui raconte qu’il a sollicité sa grâce sans l’obtenir. Et, soudain, il lui fait une proposition. Outre-Rhin, on lève des troupes pour mettre fin au pouvoir de l’Assemblée nationale. Il y aura quatre armées de 60 000 hommes chacune. Brenneisen peut y avoir une place de sergent. Ce sera une campagne de six mois et, après, le jeune homme sera libre d’aller et venir. Mais celui-ci est retenu par des scrupules et dit qu’il veut d’abord demander l’avis de sa mère.
De retour à Wasselonne, le déserteur va se confier à son pasteur, qui lui déconseille vivement ce projet et lui suggère d’obtenir une preuve des manœuvres de Defresney. Brenneisen envoie un garçon à Marmoutier pour dire qu’il accepte. Le lendemain, le fils Defresney vient chez lui et lui remet une lettre pour l’abbé d’Ettenheimmünster, qui l’enverra à Bâle où il sera enrôlé comme sergent. En fait, sagement, Brenneisen va remettre cette lettre à son pasteur.
Celui-ci ne la garde pas, évidemment, et, bientôt, elle est sous les yeux du Directoire de Département. Rapidement, un détachement de troupe de ligne investit la maison de Defresney, arrête le père et le fils, et s’empare de papiers très compromettants. L’affaire remonte jusqu’à Paris, devant l’Assemblée nationale. Les Defresney sont accusés du crime de lèse-nation et doivent être transférés dans une prison parisienne. L’Assemblée loue le patriotisme du pasteur, mais le principal intéressé, le jeune déserteur, semble finalement être tombé dans l’oubli.