(entre 15 mn et 50 mn de l’Ermitage du Rebberg)
Dans laquelle des deux villes doit se dérouler la réunion annuelle des ménétriers ?
Au XVIIe siècle, Mutzig attend chaque année le jour où afflueront dans la ville tous les musiciens vivant et jouant dans un espace qui s’étend d’Epfig à la forêt de Haguenau. Une ambiance de fête règne alors dans les rues, où déambulent des personnages pittoresques dont la présence annonce un gain supplémentaire pour aubergistes et commerçants
.
À l’origine, leur lieu de rencontre était Ribeauvillé. En effet, le sire de Ribeaupierre s’était vu octroyer un fief d’Empire qu’on appelait le Royaume des Ménétriers : les musiciens n’étaient soumis à aucune autre juridiction que la sienne entre le Hauenstein (dans le Jura suisse) et le Seltzbach, au bord de la forêt de Haguenau.
Une confrérie placée sous la protection de la Vierge
Comme Ribeaupierre ne tenait pas à s’en occuper lui-même, ces gens étant tenus pour méprisables, il déléguait son rôle judiciaire à un « roi des ménétriers » qu’il désignait parmi eux. En fait, joueurs de vielle, de fifre et autres instruments formaient une confrérie placée sous la protection de la Vierge, dont ils devaient toujours porter sur eux une médaille en argent.
Seulement, comme ils étaient devenus trop nombreux, on les a répartis en trois groupes. Ceux d’entre le Hauenstein et la région de Hattstatt ont eu pour lieu de réunion Vieux-Thann. Ceux de Hattstatt à Epfig restaient à Ribeauvillé. Le troisième groupe, lui, se rendait, comme on l’a vu, à Mutzig, ou parfois à Rosheim.
Or voici que Jean-Jacques de Ribeaupierre, le dernier de sa lignée, s’éteint en 1673. Le fief des ménétriers passe à son héritier, Christian de Birkenfeld. C’est l’époque où, progressivement, l’Alsace est incorporée au royaume de France. Louis XIV ne supprime pas le fief. Au contraire, en 1687, il octroie à Birkenfeld des lettres patentes à son sujet.
Elles suscitent un tollé à Mutzig. En effet, elles placent la réunion annuelle à Bischwiller, où est, par la même occasion fondée une grande foire de plusieurs jours ! Les musiciens concernés protestent que c’est contraire aux statuts anciens et, de plus, que Bischwiller est un lieu malcommode pour les ménétriers de Basse-Alsace, trop éloigné pour beaucoup d’entre eux. En 1700, il s’ensuit un procès devant le Conseil Souverain, que les musiciens perdent.
Ceux-ci ne cèdent pas et intentent un nouveau procès, soutenus par toute la bourgeoisie de Mutzig et le cardinal de Furstenberg, évêque de Strasbourg, seigneur de la ville. On argue de la perte financière que cela représente pour la cité. Néanmoins, en 1701, les plaignants sont déboutés.
Avaient-ils vraiment espéré avoir la moindre chance en s’opposant à un document qui émanait de l’autorité royale ?