Saint-Léonard au Moyen-Âge

(A 20 minutes de l’Ermitage du Rebberg)

La période bénédictine de Saint-Léonard a été passablement éphémère !

Pourquoi le pieux laïc Erkenbald, en fondant son ermitage, a-t-il choisi un saint limousin comme patron de la chapelle ? On n’en sait rien. En tout cas, saint Léonard de Noblat, qui vivait à l’époque mérovingienne, a été très tôt invoqué, même très loin de chez lui, pour la libération des prisonniers et l’heureuse délivrance des femmes en couches, sans compter sa compétence contre la stérilité.

Assez peu de temps après sa fondation, dans les premières années du XIIe siècle, l’ermitage devient un monastère suivant la règle de saint Benoît, sous l’autorité de l’abbé Megingoz. L’église abbatiale est consacrée le 21 septembre 1109 par l’évêque Hezilo de Havelberg. Précisons que le monastère appartient au Grand Chapitre de la cathédrale de Strasbourg.

Les toits menacent de s’effondrer

Dans beaucoup de notices qu’on peut lire çà et là, Saint-Léonard semble avoir été jusqu’à sa fin une abbaye bénédictine. Or celle-ci n’a pas duré plus de 125 ans.

Vers 1200, sous l’abbé Liutold, elle commence à s’appauvrir sérieusement. En 1215, les choses vont vraiment très mal. Les toits du cloître et des dépendances, vétustes et pourris, menacent de s’effondrer. Pour se faire de l’argent, les moines ont vendu deux cloches, ainsi que des biens fonciers à Dahlenheim, à Ergersheim, à Bœrsch et ailleurs. Des livres, dont un missel, une croix dorée, deux candélabres et des vêtements liturgiques ont été mis en gage chez des Juifs d’Obernai. D’autres livres, trois chasubles et un calice sont engagés chez des Juifs de Rosheim. Engagées également des propriétés agricoles, des vignes à « Bischovesheim » et « Muziche » et autres lieux. On repère des créanciers dans toutes les directions : Benzelin de « Koeningeshove », Diether de « Ualfe », l’hôpital d’« Ehrstein »…

Cela ne peut pas durer, car la décadence spirituelle va de pair avec la décadence matérielle de l’abbaye. En 1235, le pape Grégoire IX ne mâche pas ses mots : tout cela a été causé par « la malignité des moines noirs qui y habitaient ». Pourquoi « moines noirs » ? Parce que la tenue bénédictine n’est pas la bure brune à ceinture de corde qu’affectionne l’imagerie populaire, mais un vêtement noir à ceinture de cuir.

Entre 1215 et 1235, date à laquelle le pape confirme le changement intervenu, l’abbaye est donc devenue un chapitre de dix chanoines, avec un Doyen, soumis au Grand Prévôt du Grand Chapitre de Strasbourg, qui occupe simultanément la charge de prévôt de Saint-Léonard.

Et ce chapitre durera jusqu’à la Révolution française, c’est-à-dire cinq siècles et demi.

D’après Marie-Thérèse Fischer,  publié le 17/04/2013 dans les Dernières Nouvelles d’Alsace.

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