Schweisguth l’indomptable

L’une des fières réponses de Schweisguth à Pappenheim peut se lire sur la porte de Strasbourg, à Sélestat.  PHOTO DNA

 

(A 20 minutes de l’Ermitage du Rebberg)

Ce natif de Dorlisheim a donné à la ville de Sélestat une des pages les plus épiques de son histoire.

Le père de Charles-François Schweisguth est receveur des chevaliers de Malte à Dorlisheim. Quand l’enfant voit le jour, qui imaginerait qu’il atteindra de hauts grades militaires, puisqu’il n’est pas noble ?

Il a 20 ans en 1789 et il s’engage dans la Garde Nationale. En 1792, il participe à la bataille de Valmy sous les ordres de Kellermann. Ses diverses campagnes lui valent, en 1804, de revoir la Légion d’honneur des mains de Napoléon. Malheureusement, on constate en 1799 qu’il a la vue très basse, un handicap sur le champ de bataille. On ne l’en envoie pas moins, en 1807, à la guerre d’Espagne. Fait prisonnier l’année suivante, il s’évade au bout de 22 mois de détention.

À l’intérieur de la ville, on arrache les pavés des rues

Tel est l’homme que Napoléon nomme Commandant d’armes à Sélestat en septembre 1813. Trois mois plus tard commence l’Invasion ! Schweisguth se doute bien que la ville risque un siège. Il prend ses mesures. Il fait incendier tout ce qui se trouve à l’extérieur des murs, pour que les Bavarois ne puissent pas s’y mettre à l’abri du tir : vignes, maisons, cabanes… Il recourt à la vieille arme défensive de Sélestat : l’inondation. En effet, depuis des siècles, en cas d’attaque, on déclenche le système qui fait déferler l’eau sur les prés et les champs vers l’est. D’Illhaeusern à Ehnwihr, la campagne se transforme en lac. À l’intérieur de la ville, on arrache les pavés des rues : cela peut faire des projectiles. On blinde le rez-de-chaussée des maisons avec des madriers pour limiter les risques d’effondrement sous les bombes. On entasse du fumier, utile pour étouffer le feu. Pendant ce temps, des réfugiés arrivent de partout pour se mettre à l’abri. Voici encore des malades et des blessés qui n’ont pu être hébergés dans Strasbourg !

Le 5 janvier 1814, le siège commence. Soudain, le 29 janvier, à minuit, le comte de Pappenheim fait donner toutes ses batteries en même temps. Le bombardement de Sélestat dure trois heures : 60 bombes, 240 obus, 120 boulets ! Le 30, Pappenheim somme Schweisguth de se rendre. Pas question ! Quelques jours plus tard, nouveau bombardement, plus ravageur que le premier. Schweisguth ne cède toujours pas. Pourtant, dans la ville, la situation est dramatique, car le typhus s’est répandu dans la population.

En dépit de l’épidémie, des destructions, des désertions de soldats, Schweisguth reste inflexible. Le plus remarquable, c’est que Pappenheim et lui échangent une correspondance tout à fait courtoise, en hommes d’honneur qui se battent chacun pour son camp.

Enfin arrive l’annonce que Louis XVIII a été reconnu comme souverain légitime, avec l’ordre officiel de déposer les armes. Alors seulement Schweisguth ouvrira les portes de Sélestat. Invaincu !

D’après Marie-Thérèse Fischer,  publié le 29/01/2014  dans les Dernières Nouvelles d’Alsace.

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