Se faire un film à la Léonardsau

(A 20 minutes de l’Ermitage du Rebberg)

Un parc aussi peut être considéré comme « monument historique ».

Une étendue de prés humides relevant de la collégiale de Saint-Léonard, presque aux portes de Bœrsch : ne cherchons pas plus loin pourquoi l’endroit s’est appelé « Sankt-Leonhardsau » et, par la suite, simplement « Leonardsau ».

On y a pratiqué le blanchiment sur pré des toiles de lin. Il faut croire que cette activité était rentable, vers 1820, puisque son propriétaire de l’époque a acheté des terrains pour agrandir l’espace où on la pratiquait. C’est la raison pour laquelle la Léonardsau se trouve à cheval sur deux communes, Bœrsch et Obernai. À la veille de la guerre franco-prussienne de 1870, cependant, le blanchiment est abandonné. La Léonardsau est acquise par la société Coulaux, propriétaire de la manufacture de Klingenthal depuis 1838.

En 1940, le château est occupé par les nazis

En 1899 s’ouvre une nouvelle page de l’histoire du domaine. En effet, son propriétaire tout récent, le baron Albert de Dietrich, va lui donner l’aspect que nous lui connaissons aujourd’hui. Pendant des années, la superbe demeure qu’il y construit va être agrandie, transformée, jusqu’à devenir ce que nous appelons « le château ».

En fait, elle ne correspond pas à un style unique, même si la référence dominante est la Renaissance. Telle quelle, elle en impose ! Rien d’étonnant si, dès août 1914, l’État-major d’un régiment wurtembergeois a choisi de s’y installer. Plus tard et jusqu’en novembre 1918, c’est un colonel hongrois qui y prend ses aises. Précisons que la Léonardsau est pour les Prussiens et leurs alliés un bien ennemi, puisque le baron de Dietrich sert dans l’armée française.

Après la guerre, le maître de céans reprend son rôle de mécène, s’entourant d’artistes, parmi lesquels ceux du Cercle de Saint-Léonard avec Charles Spindler, qui a d’ailleurs contribué à la décoration. Malheureusement, en 1940, le château est à nouveau « occupé », cette fois par les nazis.

En 1970, le domaine devient propriété de la Ville d’Obernai. L’année suivante sort un film tourné à la Léonardsau sous la férule de Claude Chabrol : La Décade prodigieuse , avec Orson Welles, Anthony Perkins, Marlène Jobert et Michel Piccoli. Un film que le réalisateur jugera « raté », mais qui peut nous séduire parce que nous y retrouvons tout le charme du château et du parc.

Le parc ! Dessiné par le paysagiste belge Buyssens, il a été inscrit aux monuments historiques quatre ans après le château, en 1990. Immense… Un lieu pour la rêverie… En s’y promenant pas à pas, sous les feuillages d’automne, on se crée son petit film à soi, un conte nostalgique… Mais stop ! Là, ce n’est plus de l’histoire !

D’après Marie-Thérèse Fischer,  publié le 12/02/2014 dans les Dernières Nouvelles d’Alsace.

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