(A 30 minutes de l’Ermitage du Rebberg)
Redevenir le maître de sa propre maison : une épreuve de force pour le sieur Jacob !
Au bout de plusieurs mois, en août 1848, Jacob apprend non seulement que Dietrich n’est pas sorti de la maison, mais encore qu’il arrache les planches de la grange et les volets du grenier pour les brûler. Les dommages paraissent considérables. Mais que faire ? Jacob va trouver le juge de paix de Wasselonne qui, le 11 août, écrit au maire de Marlenheim : qu’il somme les indésirables de déguerpir dans les 24 heures, en les menaçant de leur « faire éjection de leurs meubles sur la rue ».
« Je sais bien que c’est de la canaille et que personne ne les veut »
Le maire n’a pas une bonne opinion des Dietrich : « Je sais bien que c’est de la canaille et que personne ne les veut », dit-il. Néanmoins, il leur accorde un délai de douze jours, tout en promettant à Jacob qu’il peut compter sur lui.
Il faut croire que le sort de la maison n’a pas trop tourmenté le propriétaire, puisque c’est seulement fin juillet 1849 qu’il découvre que les Dietrich sont toujours là. Il est vrai que, cette fois, il a une raison supplémentaire de vouloir qu’ils vident les lieux : il a fait faillite, il est ruiné, il ne lui reste que cette maison, sur laquelle il doit 4500 F dont il doit payer les intérêts ainsi que l’assurance, et il veut y habiter. À nouveau, il s’adresse au maire. À nouveau, le maire intime aux Dietrich l’ordre de s’en aller. À nouveau, ils demandent un délai, dix jours.
Or, le 10 août, non seulement ils n’ont pas bougé, mais ils n’ont pas l’air d’y songer, car ils font savoir au maire que la maison est assez spacieuse pour deux ménages ! Il abdique et mande à Jacob qu’il est « hors de sa compétence de faire sortir ces gens ». Quant à sa promesse de faire surveiller par les gardes champêtres les fruits du jardin, afin qu’ils soient vendus pour payer les impositions, il ne l’a pas tenue. En effet, à ce qu’il dit, « on ne trouve pas d’acheteur, vu qu’on se méfie trop de ces gens ». Jacob écrit au percepteur, pour faire au moins saisir les pommes de terre…
Le propriétaire a 67 ans et ne se voit pas, quand il viendra à Marlenheim, tenir tête à « ce brutal ».
Mais voici qu’il a l’occasion de s’en entretenir avec M. Carles, procureur du tribunal de Strasbourg, qui lui conseille de s’adresser au préfet, ce qu’il fait le 5 septembre 1849. Dès le 6, le préfet demande au maire « de prêter son appui à l’expulsion du Sr Dietrich de la maison sise en cette commune et appartenant au Sr Jacob de Sarralbe… ».
Comme par hasard, le lendemain, le maire répond que la maison est vide depuis trois jours !