(A 25 minutes de l’Ermitage du Rebberg)
À l’ouest du centre-ville, à côté du château de Hell, se dresse la ruine d’une église. Les fermes d’Oberlinden occupaient un temps les alentours, là où s’étendent aujourd’hui des pelouses.
En 1335, l’abbaye de Hohenbourg —l’actuel Mont Sainte-Odile— reçoit en don des vignes situées « derrière les fermes d’Oberlinden ». Ce village entoure un lieu de culte qu’on appelle Oberkirche — église du haut — sans doute pour la distinguer de l’église d’Obernai, qui se dressait plus bas, hors de la ville.
Certains villages de l’époque ont été ravagés par fait de guerre
On a daté du XIème siècle une partie des vestiges actuels de l’Oberkirche, ce qui suggérerait que le village existait longtemps avant la première mention que nous ayons de lui. D’ailleurs, lorsqu’on trouve « Oberkirche » dans les documents médiévaux, il n’est pas toujours facile de déterminer s’il s’agit du village ou de l’église.
Quoi qu’il en soit, le village constitue bien une paroisse en soi, qui n’est pas seulement desservie par un curé, mais aussi par un primissaire, prêtre chargé de dire la première messe de la journée, celle à laquelle beaucoup de gens souhaitent assister avant de commencer leur travail. L’existence d’un primissaire est attestée dès 1371. On en retrouve un au XVème siècle, Johann de Still, en même temps qu’un curé prénommé Fridericus.
Le patron de l’église est saint Jean-Baptiste, le saint qui avait une place de choix à l’abbaye de Hohenbourg, en principe depuis sa fondation. On vient même à l’Oberkirche en pèlerinage pour l’invoquer, comme la paroisse de Bœrsch, qui s’y rend tous les ans vers 1470.
Quelques décennies plus tard, Oberlinden n’existe plus. Qu’est-ce qui peut donc le faire disparaître, laissant son église plantée toute seule dans la nature ? Certains villages de l’époque ont été ravagés par fait de guerre et les habitants sont allés s’installer ailleurs. D’autres fois, les habitants ont pris les devants et se sont établis à l’intérieur de la ville pour une meilleure sécurité. Il est aussi arrivé que le magistrat décide de raser une localité trop proche des remparts pour éviter qu’elle ne devienne une base d’opérations pour un éventuel assaillant. En tout cas, les gens d’Oberlinden sont probablement devenus obernois, puisque leur village a été englobé dans celui d’Obernai.
Quant à l’église, elle fait de nouveau parler d’elle dans le cadre de la Réforme, car le culte protestant, interdit dans la ville, y trouve refuge jusqu’au XVIIIème siècle, sous la protection des nobles voisins qui lui doivent leur nom : la famille d’Oberkirch.